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Un hélicoptère de trop. Adieu, mon Tintin.

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Cet hélicoptère, l'autre matin. Je ne le sentais pas. Il me faisait peur.

Avant l'ouverture des pistes, c'était pas normal. L'hélico, c'est toujours quand c'est grave.

Bin voilà. Le vieux coeur de mon copain Tintin a cessé de battre, après 84 ans.

Tintin, c'était une figure de Valloire: un livre d'Histoire, un livre de Botanique, à lui tout seul. C'était un vrai Montagnard, au sens noble du terme. C'était aussi un grand résistant, et un ancien combattant.

L'homme qui connaissait toutes les plantes de la montagne, les tisanes, les décoctions. Il connaissait tous les chemins de rando, toutes les ballades, toutes les pistes, et beaucoup de montagnes de par le monde, même l'Everest, l'Amérique du Sud, et tant d'autres.

La veille de son grand départ, il revenait du ski, et avait fait la bise à mon oursonne: "Salut, ma belle!".

Voilà. Sans lui la patinoire ne ressemblera plus à rien. Valloire aura perdu de son charme, et de ceux qui ont fait son Histoire.

J'ai le coeur brisé. Je suis anéanti. Et beaucoup d'amoureux de Valloire avec moi.

Je ne regarderai plus jamais ce putain d'hélico de la même façon. Il a emmené mon ami Tintin et ne me le ramènera plus.

 

 

Nicolas, nous sommes tous avec toi, dans ta tristesse et ta douleur. Je n'ai plus de mots pour partager ta peine... C'est horrible.

 

Ours

 

******

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Il paraissait ne jamais vouloir s'en aller, le Tintin. Il y a 25 ans, il m'avait appris à patiner... On le croisait dans les rues, toujours un mot sympa, toujours le sourire.

Tintin était une vraie figure de valloire, un personnage.

 

Nicolas, je suis de tout coeur avec toi. C'est d'autant plus cruel qu'imprévisible, mais Tintin, j'en suis sur, aurait préféré tirer sa révérence comme ça plutôt que lors d'un trop long départ.

 

On t'embrasse très fort. Tout Valloire est en deuil.

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je te présente toutes mes condoléances , nicolas.

ca fait 20 ans que je monte a valloire et j'ai toujours vu ton père dans le village , sur les pistes ou a la patinoire.

quand je suis monté en mars on avait discuté en semble a la montagne magique ou il passait le soir boire un petit verre, un monsieur très gentil, une figure du village.

je suis de tout coeur avec toi.

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Merci à tous pour vos messages de soutient. Mon père a eu une belle cérémonie et tous Valloire pleure.

 

Mais il a bien attendu la fin de la saison pour lacher la perche et a fait du ski le samedi 22 avril, jusqu'au bout ...

 

Je vous posterais ici les textes de témoignages dits lors de la cérémonie.

 

A bientôt.

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Nicolas, je suis de tout coeur avec toi. C'est d'autant plus cruel qu'imprévisible, mais Tintin, j'en suis sur, aurait préféré tirer sa révérence comme ça plutôt que lors d'un trop long départ.
On en reparlera mais oui je suis d'accord avec toi et Tintin aussi

 

tu faisais parfois référence à ton papa dans tes posts sur CBV

 

En effet et je pense bien continuer à le faire

 

Par contre je ne vais plus pouvoir alimenter la rubrique patois de Valloire

 

http://www.cybervalloire.com/modules/ipboa...opic=1516&st=75

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une pensée pour Tntin et a sa famille

 

la loi des séries a valloire :mmdr:

 

Mais il a bien attendu la fin de la saison pour lacher la perche et a fait du ski le samedi 22 avril, jusqu'au bout ...

a chaque fois il me voyait en skateboard il voulait en faire

il a meme essayé la rampe l'été dernier :mmdr:

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Voilà je retapé les textes qui ont été dit pendant la cérémonie en l'honneur de mon papa :

 

La vie de TINTIN

 

Tintin est né le 17 octobre 1922 à Poingt-Ravier. Il a reçu immédiatement le baptême. Jusqu'en 1933, il est écolier à Poingt-Ravier et dès l'age de 7 ans berger à la Fourche au dessus de Poingt-Ravier.

 

En 1933, il part pour le collège des Frères de la Sainte Famille, d'abord à Belley dans l'Ain puis à Tessy-Metz à côté d'Annecy. A cette époque on ne revenait au pays que pour passer l'été.

En 1942, il part pour les chantiers de la jeunesse à Chamrousse, et entre en résistance dès 1943.Il est arrêté par la Milice et est emprisonné et torturé au Château d'Uriage d'où il s'évade en juillet 1943. Pour rallier Valloire, il traverse le massif des Belledonne à pied en gardant les Aiguilles d'Arves comme seul point de repère.

Peu de temps après son arrivé à Valloire, il prend le maquis et continue la résistance. Mais début 1945, il doit mener un autre combat contre la tuberculose. Au plateau d'Assy face au Mont Blanc, il vaincra la maladie définitivement en 1948, et revient à Valloire. Là il se préoccupe beaucoup de l'évolution de son village et côtoie les pionniers de la station de sports d'hivers d'été.

En 1949, il est pressenti par le Dauphiné Libéré et en devient le correspondant assidu. Qui ne se souvient pas de ses longs articles illustrés de photos racontant la vie d'ici.

 

Il se marie en 1953, avec Marie Léonie Gex-Rambaud, veuve avec quatre enfants. Il élève la maisonnée qui s'est agrandie de deux petites sœurs, Noëlle et Christiane. Et pour loger tout le monde, Il construit sa maison aux Plans avec un groupe de parent et d'amis, en extrayant le sable et les pierres de la Valloirette et de la Neuvachette.

Mais hélas, en 1964, le destin frappe tout le monde par le décès de la maman. Les aînés commencent à voler de leurs propres ailes, et il élève ses deux petites filles.

A ce moment, le développement du tourisme à la montagne se précise, et lui-même invente la randonnée en moyenne montagne. Parallèlement, le ski et le patinage se pratiquent de plus en plus à Valloire … On vous laisse vous souvenir de ses arabesques….

En 1969 il épouse une lorraine et né un fils en 1972. Sa grosse passion de la montagne, il veut l'insuffler à tout le monde, et il entraîne sur ses talons, de plus en plus de gens de tous ages, à sa suite sur les chemins fleuris, et aussi sur les sommets où on herborise à qui mieux mieux.

Combien sont arrivés sans but pour leurs vacances et sont repartis "montagnards" ?

Les années s'écoulent en "caressant la montagne" comme l'a écrit un journaliste, et, en multipliant les grandes rondes à la patinoire et les descentes vertigineuses à ski, par tous les temps.

En 1988, il part voyager au Népal à la rencontre d'autres montagnards, et marche durant 12 jours jusqu'au pied de l'Everest.

 

Vint l'heure de la retraite pour son épouse, où pendant 10 ans, il cultive son jardin, récolte les tisanes, rend de nombreuses visites à tous ses concitoyens, en les interpellant dans un patois raréfié… Jusqu'à ce matin ensoleillé du 24 avril 2006 où son cœur, fatigué de ses longues marches, a cessé de l'accompagner.

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Voilà le texte de Claude Rignot, qui a déjà écrit de nombreux livres sur Valloire.

 

SEPULTURE de TINTIN : Jean Adrien Magnin

 

Tintin mon ami,

 

Tu as attendu la fin de la saison de ski pour lâcher la perche et nous laisser seuls sur les pentes de la vie.

La première fois que je t'ai rencontré, il y a cinquante ans, c'était en haut du Grand Galibier. Nous étions là, quelque uns à être monté par la voie normale et sans danger quand, tel un ramoneur sortant d'une cheminée, tu as surgi à la force des coudes sur le replat du sommet. Sous toi le vide était impressionnant et nous nous demandions comment un être pouvait sortir vivant de l'univers aérien qui nous entourait. Tu étais le premier d'une cordée de trois. Quelques instants plus tard tout le monde t'écoutait … Tu désignait par leur nom les sommets bleus de l'horizon. Tu les connaissais tous.

 

Ce jour là tu es coiffé d'un curieux chapeau de cuir racorni, tu as des lunettes de glacier à œillères et un sac à dos efflanqué. Il est probable qu'il ne doit pas contenir que trois rondelles de saucisson et un bidon d'eau claire, car ta silhouette ascétique de montagnard indique à l'évidence que tu n'as d'appétit que pour te repaître de grands espaces. Nous t'avons vu, un peu plus tard, entreprendre la redescente. Tu dirige ta ramasse sur le névé pentu avec le manche de ton piolet. Tu n'es bientôt plus qu'un "i" avec son point - ton chapeau - qui court sur la moraine …. Les autres ont du mal à suivre. Dans l'après midi, quand tu auras regagné les prairies, et en faisant un détour par la forêt de Bonnenuit, tu vas poser ton sac à dos. C'est pour le remplir des plantes, qu'en herboriste connaisseur tu cueilles du printemps jusqu'à l'automne. Tu expliques à ceux qui te rencontre que la chélidoine c'est pour les verrues, la reine-des-prés pour les mauvaises toux, et l'arnica c'est contre les coups et les bosses.

 

Des journées estivales en montagne comme celle là tu ne les compte plus, et l'hiver le ski et le patinage font ton emploi du temps. "Qui m'aime me suive …" as-tu dis des centaines, peut être à des milliers de jeunes, de vieux, de sportifs ou néophytes, garçons ou filles qui ont mis leurs pas dans tes traces pour faire le Thabor, la Noire, les Arves, l'Epaisseur, la Grand Chible ….. Tu connais toutes les cimes, les crêtes et les ravins du pays où tu es né.

 

 

La longue fréquentation fait l'intimité. Alors un journaliste bien connu écrit que tu es un incorrigible amant de la montagne et t'appelle "Tintin …. Celui qui caresse la montagne".

 

Tu es né à Poingt Ravier, village d'en haut qui avait ses chalets d'alpage à la Fourche, aux Solèdes, au Meigno. Bambin de santé fragile, tu ne survis que grâce au lait de chèvre que Clémence, ta mère, te donne à boire. Sachant cela, on ne peut s'étonner que tu grimpe comme une chèvre ! ….. Et l'ermite hindou que tu rencontres un jour dans l'Himalaya ne s'y trompe pas. "Tu es la réincarnation d'une chèvre" t'affirme-t-il. Cela te trouble un peu mais n'entame pas ta foi chrétienne.

 

Une fois c'étais pendant la guerre, et tu étais jeune homme, t'échappant du château d'Uriage, tu mets une douzaine de jours pour regagner Valloire, en te cachant, clandestin. Ne connaissant pas la région tu progresse de vallée en sommet et d'alpages en bergeries, dans la direction dont tu as l'intuition. Tu as raconté : " Si un jour je ne savais plus où j'étais, je prenais de l'altitude, et quand je voyais au loin le Aiguilles d'Arves je savais que j'étais dans la bonne direction."

Cette montagne emblématique de ta liberté retrouvée est restée chère à ton cœur.

 

Tintin, dans la grande cohorte des hommes et des femmes qui ont fait Valloire, tu as ta place. On ne peut oublier ceux qui ont du charme, sont aventuriers ou ont des talents inhabituels. On les admire ou on les envie. Ils étonnent, ils ont du prestige, du charisme. Ils sont félicités ou réprouvés, mais on ne peut pas les ignorer. Leur exception nimbe parfois notre humanité ordinaire et nous redonne un peu de fierté. Ces gens là entrent vivants dans la légende. Quand ils ne seront plus, il y aura toujours quelqu'un pour les raconter. Il est possible qu'au fil des ans, et peut être un siècle plus tard, on en rajoute un peu. Cela n'a pas d'importance, ça compense ce que l'on aura oublié …. Heureux personnages moulés dans la terre de la montagne qui auront un jour leur place au musée de la mémoire !

 

Adieu l'ami. On s'en souviendra.

 

A Valloire le 27 avril 2006

Claude Rignot

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Voilà et pour finir, je voulais ajouter un petit truc un peu personnel : la fin du petit discours que j'ai dit pendant la cérémonie :

 

"Je suis sur qu'une majorité d'entre vous connaissait Tintin. Et je suis sûr que vous vous rappelez tous au moins un instant particulier passé avec lui. Un tour de patinoire, un tour de village, un tour de ski, un tour de montagne.

Je suis sur que chacun d'entre vous garde en souvenir comme un petit pic dans sa mémoire. Et j'espère que tous ces petits pics se transmettront et que grâce à vous le souvenir de mon père sera éternel."

 

Et s'il y en a qui comme G ou Doug ont des témoignanges à approter, ils sont les bienvenue ! :mmdr: :mmdr:

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En effet Sting, beaucoup de gens m'ont dit que j'avais de la chance d'avoir un père comme lui.

 

Voici le dernier texte. Il a été coécreit par une amie très proche et une de mes cousine

 

TINTIN

 

Tu as vécu ta vie tel un artiste …

Un artiste qui n'a pas laissé d'œuvre mais ta vie était ton œuvre.

 

Libre, en harmonie avec la Nature et les Hommes, tu étais comme un oiseau des montagnes venant visiter chacun d'entre nous, nous apportant un peu de joie simple et de rire.

 

Tu étais toujours ici et là avec ta bonne humeur si précieuse.

Tu restera toujours ici et là dans notre esprit et notre cœur.

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