Interview exclusive accordée par JB à Ours Polaire (JPM). Le texte et les photos sont propriétés de leur auteur.
Il est arrivé sans bruit, par un beau soleil… Il a choisi son jour et son heure, comme lorsqu’il vient chez ses amis, et qu’il va passer quelques instants de détente avec eux : rien de clinquant, de voyant, d’extravaguant. Tout juste son T-shirt de la Fédé…
« Je ne porte jamais des trucs voyants, la casquette ou le blouson du fan-club, des choses comme çà. J’aime la discrétion, le calme. En compète, c’est autre chose : je suis une image, et c’est bien différent ! »
Que recherches-tu chez les gens que tu aimes ?
« Le respect des autres, la gentillesse et la simplicité. »
JB, quelles sont tes idoles en ski, depuis ta plus tendre enfance ?
« A 4 ans, c’étaient mes parents, bien sûr… Vers 7-8 ans, j’admirais Edgar Grospiron, Franck Piccard, et le géant Alberto Tomba. Et puis vers 14 ans, le plus grand, Luc Alphand, qui était entraîné par mon parrain, Jacques Martin. Plus tard encore, Bastoune (Sébastien Amiez), qui est un très grand skieur, et le norvégien Kjetil André Aamodt. »
Tu te donnes souvent un petit air de Luc Alphand…
« Peut être, c’est inconscient, mais c’est un skieur d’exception ! Aujourd’hui, beaucoup de garçons forcent mon admiration : Svindal, Bode Miller, Raich, Cuche…
J’ai fait 15 jours d’entraînement en Norvège, à fin Juin, sur de la neige « salée » (comprenez « verglacée »), pour des entraînements de Géant, Slalom et Super G, puis 2 périodes de 3 jours sous le ski-dôme d’Amnéville les Thermes avec Frédéric Perrin, mon nouvel entraîneur.
Je suis très heureux de travailler avec Fred : il a 35 ans, des super résultats avec l’Equipe de France Junior. Il va m’apporter son savoir faire et ses conseils…
Beaucoup d’entraîneurs m’ont marqué et laissé un grand souvenir : Pascal Sylvestre, Thierry Meynet, Jacques Théolier, qui est parti aussi, et il a eu raison, s’il l’estime utile pour sa carrière.
Moi, je reste avec mon style, le style de JB, d’aller droit sur le piquet. Tout le monde essaye de le copier, et chez moi, c’est naturel. Je ne me fais vraiment pas de souci, avec Fred Perrin… »
La Dope dans le sport
Pourquoi ne parle-t-on jamais de dope, dans le ski ? Il n’y a pas de contrôles ?
« Bien entendu qu’il y a de nombreux contrôles : mais aussi loin que je me souvienne, depuis que je skie à haut niveau, on n’a jamais piégé un skieur.
En fait, la dope n’amènerait rien du tout au ski, qui est un sport d’adresse, de glisse, de pilotage et… de technique !
Avec Julien (Lizeroux), on était très malade, après Zagreb, et cela nous a pourri l’existence jusqu’à Adelboden : on ne pouvait pas se soigner, et tous les médicaments qui auraient pu nous guérir était inscrits sur le tableau des produits interdits !
Dans ces conditions, j’en avais gros sur le cœur d’entendre un journaliste dire que j’avais loupé un Géant en faisant 8, alors que j’étais malade ! »
Tu leur en veux, à ceux qui n’ont pas compris ?
« Non. Les mauvais commentaires m’ont fait parfois mal. A Kranjska Gora, ils ont été très durs. Mais tu apprends à te blinder par rapport à ça : c’est le sport de haut niveau !
En fait, Kranjska Gora, c’est la course que je n’aurais jamais du louper. C’est ma faute… »
Le Globe du Général et les JO
L’an prochain, tu seras en Coupe du Monde en slalom, et ?
« En Slalom, Géant et Super Combiné, et j’essayerai de jouer les globes dans ces catégories.
Mais on s’inscrira au dernier moment dans des super G ou des Descentes – j’ai un super entraîneur en vitesse, Patrice Morisod, ex-entraîneur de Cuche et Defago.
S’il faut faire la descente de Kitzbuehl pour accrocher le Globe du Combiné, je la ferai… »
Sur trois ou 4 disciplines, tu penses donc au Gros Globe de Cristal ?
« S’il est dans les 1000 points, j’irai le chercher : je n’étais pas loin cette année.
S’il est dans les 2000 points, ce sera beaucoup plus difficile. »
L’hiver prochain, il y aura les Jeux de Vancouver ?
« Je n’aurai pas de problème de sélection, je pense, puisque je suis le meilleur français en Slalom et en Géant. Pour les autres disciplines, ce seront les résultats de début de saison qui vont compter.
Les JO, c’est la course d’un seul jour, comme à Val d’Isère, aux Championnats du Monde.
Tu dois skier à 120% et te lâcher à fond. Tu es là, avec ton dossard 5, à attendre que les informations remontent, ton coach est avec toi, mais tu as une grosse boule dans l’estomac. Et puis tu te retrouves sur la ligne de départ, tu pousses un grand coup sur les bâtons, et la grosse boule s’en va, et tu te lâches à fond, et tu fais podium.
Si la grosse boule reste après la ligne de départ… c’est pas très bon. Mais tu te bats ! Parfois, le stress peut t’aider à te surpasser…»
Les sous dans le sport
Si une marque de barre chocolatée voulait acheter ton casque, et te donnait beaucoup plus que Valloire ?
« Mon oncle Christian, le Maire de Valloire le sait : je serais obligé d’accepter tout cet argent : la carrière d’un athlète est courte… Mais rassures toi, même dans ce cas, mon image appartiendra à Valloire, tout sera fait toujours pour que l’on sache que Jibé est le skieur de Valloire ! Je suis fier de porter les couleurs de ma station. Il n’y a aucun doute là-dessus. »
Si Rossignol avait de grosse difficultés et ne pouvait plus suivre, financièrement ?
« Je skie depuis tout petit sur Rossignol. Aujourd’hui, j’ai des skis très performants chez Rossignol, et je n’ai pas de raison de changer. Si vraiment il y avait des problèmes insurmontables, on verrait bien, mais ce n’est pas le cas, alors… »
Et si j’envoyais cet interview à une grande agence, à quel journal ou hebdo de sports ou autres voudrais-tu qu’ils la donnent en exclusivité ?
« J’aimerais que ce soit au Dauphiné Libéré, parce qu’ils me suivent depuis longtemps, et n’ont jamais raconté de bêtises… »
Propos recueillis par J-P M
Ping : Lu, vu, entendu un 25 août 2009 « Marmotte73