ON N’EST PAS TOUS EGAUX FACE A LA NEIGE !
Si vous suivez régulièrement nos pages prévisions météo, vous avez déjà entendu parler de ces fameux « retours d’Est », ces redoutables perturbations capables, à 10 km de chez nous seulement, de poser 1,50M de neige lorsqu’on ne voit virevolter que quelques flocons sur nos massifs. Comment est-ce possible ? Pourquoi ces perturbations, qui provoquent d’intenses chutes de neige chez nos voisins immédiats ne parviennent pas à « passer » le Mont Thabor ?
Les retours d’Est sont des perturbations provoquées par une dépression calée généralement sur le Golfe de Gênes. Elles sont alimentées par une descente d’air froid sur la France, qui, au contact de la douceur de la Méditerranée, se charge d’humidité et organise des remontées très humides sur le versant Italien des Alpes. Les précipitations se heurtent au relief des Alpes Italiennes et stagnent sur les régions frontalières en butant sur la crête. Elles ne progressent généralement pas au delà de la haute Maurienne ou de Valfréjus (Modane). Ainsi, ces chutes de neige n’atteignent dans cette situation quasiment jamais notre région, pourtant située immédiatement à côté (quelques kilomètres à vol d’oiseau).
Elles sont souvent durables, car la dépression, bloquée sur place, tournoie sur elle même sans bouger… Nos voisins se gavent, et le reste des Alpes du Nord voit passer trois flocons à l’horizontale au prix d’un vent fort qu’on appelle la « Lombarde », ou le « Foehn » selon les régions.
De plus, « l’effet de foehn » augmente l’intensité des précipitations sur le versant arrosé et la douceur sèche sur l’autre.
Pourquoi ? Simplement parce que l’air très humide de la perturbation Méditerranéenne s’élève sur le versant Italien des Alpes, en s’élevant il se refroidit, donc condense toute l’humidité qu’il contient sous forme de pluie ou de neige, passe la crête et redescend sur le versant opposé, vidé de son humidité. De plus, en redescendant: l’air se compresse…Et lorsqu’un gaz est compressé: il se réchauffe (essayez de gonfler un pneu avec une pompe à vélo: la pompe est brûlante à cause de la compression de l’air). Donc, non seulement il ne neige pas, contrairement au versant opposé, mais en plus il fait très doux et particulièrement sec: tellement sec que ce vent « chaud » peut sublimer la neige sans qu’on ne la voie fondre…
A Valloire: ça se manifeste bien souvent par un type de paysage fréquent cette année: grand beau vers les Aiguilles d’Arves et le Perron des Encombres, et l’Aiguille Noire et le Galibier noyés dans les nuages et les chutes de neige…
Les effets de foehn ne sont pas toujours aussi extrêmes, il peut y avoir du « foehn froid » (courant à Valloire, heureusement pour le manteau neigeux), mais c’est une composante fondamentale du climat montagnard qui explique les très nombreux microclimats dans les Alpes.
Ce qui est remarquable en ce début d’hiver, c’est la récurrence des situations ayant provoqué un effet de Foehn chez nous… Et des chutes de neige mémorables en Italie comme dans les Alpes du Sud: La neige, c’est chacun son tour, rarement tous en même temps ! ;)
Rassurez vous: ce qui marche dans un sens (Italie->France) marche aussi dans l’autre (France->Italie): il n’est pas rare que nos voisins Italiens subissent le même « effet de foehn » lorsque la perturbation provient de l’Océan, et que nos massifs se chargent de neige… Alors que, eux, resteront au sec.
Y’a quand même une justice… !
LG