La prévision à long terme.
On vous l’a dit et répété : au-delà de 5 ou 6 jours, les prévisions météo ne sont pas fiables. C’est souvent vrai, encore faut-il savoir de quoi on parle.
Mme Michou va râler parce que la météo avait prévu du soleil, et qu’il pleut le jour de son barbecue… Monsieur Bidochon va râler parce qu’on lui avait prédit de la neige, et qu’il a fait beau sur sa terrasse… Vous connaissez tous ces situations, nous les avons toutes vécues.
Il faut savoir que les prévisions météo A LONG TERME ( de J+5 à J+10 et plus ) font appel à des modèles à LARGES MAILLES.
Ces modèles à LARGES MAILLES calculent le temps le plus probable qu’il fera sur des carrés de 100 ou 150 km de côté. Mais pour cela, ils sont obligés de prendre en compte l’ensemble des conditions météo de la planète. En effet, pour connaître le temps en Europe, on est obligé de savoir précisément quelles sont les conditions en Amérique du Nord, mais aussi partout ailleurs sur la planète. C’est la fameuse théorie du battement d’aile d’un papillon au Japon qui, de conséquence en conséquence, déclenche une tempête en Europe quelques semaines plus tard. C’est un peu ça, la météo.
Les modèles sont d’incroyables équations qui prennent en compte la dynamique des fluides, la température de millions de points de mesure, la pression, la force et la direction des vents, le taux d’humidité, et même la température des océans.
Toutes les 6 heures, un gigantesque calcul prenant en compte tous ces paramètres-là et bien d’autres est lancé. L’ordinateur qui fait ça en France est à Toulouse au siège de Météo France, et malgré la miniaturisation que vous connaissez : il tient une grande pièce à lui tout seul ! Il s’agit d’un des calculateurs les plus puissants de la planète.
Le principe est simple : chaque calcul (chaque « run ») est lancé à partir des paramètres météo REELLEMENT OBSERVES par les balises automatiques ou les stations météo partout dans le monde. Après moulinette dans la machine, cela donne le résultat que vous voyez sur les cartes. En clair, par exemple, la machine dit ceci :
« Puisque, ici même, le vent vient du nord et que la température de la mer est de 10°, puisque la pression est de 1020 hpa et que la température est de 15°, puisque l’humidité de l’air est de 80%, alors dans 24h, ici même, le temps sera celui là ». Puis : même question, avec le résultat de ce calcul, cette fois entré en donnée de base pour une prévision à 48h. Puis, le résultat de la prévision à 48h, entré en donnée de base, pour la prévision à 56h… Et ainsi de suite jusqu’à 384 h, et cela, pour chacun des points de la planète… Imaginez le calcul.
Pas étonnant, avec cette méthode, qu’une petite erreur entraîne, au fil des échéances, d’énormes bouleversements. Relisez le paragraphe ci-dessus et changez la température de seulement 1 degré, sur un seul lieu de mesure : le résultat à 24h aura un peu changé. Mais le résultat à 48h beaucoup. Et le résultat à 72 encore plus… Ce qui fait que, plus on avance, moins le modèle est juste, c’est normal.
Comment savoir si un calcul est fiable ou pas ?
C’est ce que vous voyez à la télé : l’indice de confiance.
Pour connaître la fiabilité d’un calcul du modèle : on l’oblige à refaire le même calcul EN CHANGEANT VOLONTAIREMENT LES PARAMETRES. Cette méthode est assez compliquée, mais dans l’esprit, on pourrait la résumer ainsi :
Par exemple : on obligera la machine à refaire son calcul avec des températures observées systématiquement supérieures de 1° par rapport à la réalité. Puis un autre calcul avec, par exemple, des pressions atmosphériques légèrement supérieures ou inférieures. Ou encore, avec des forces de vent volontairement exagérées ou minimisées : mais toujours en respectant les équilibres naturellement observés. Il s’agit d’une conversion vectorielle, appliquée à une série de paramètres comme par exemple, TOUTES les TEMPERATURES exagérées de 1°.
Au bout de ces différents calculs, on compare les résultats. Si, malgré ces changements volontaires, la machine donne des cartes qui vont dans le même sens : c’est que la prévision est fiable. Si, au contraire, le seul fait de changer légèrement une série de paramètres donne un résultat complètement contradictoire d’un calcul à l’autre, c’est que la prévision est peu fiable.
Oui mais, pour mon barbecue samedi prochain ?
A plus de 4 jours d’échéance, seuls les modèles à « larges mailles » sont efficaces. Ils donnent la pression, l’emplacement des anticyclones-tout-pourris, ou des dépressions, donc : la force et la direction des vents. Ils prennent en compte les paramètres météo observés sur toute la planète, car, lorsqu’on prévoit une descente d’air froid ici, cela provoque nécessairement une remontée d’air chaud là bas. Mais ils ne peuvent pas prendre en compte toutes les subtilités du relief, comme les effets de foehn, les blocages par les montagnes, les grands lacs etc.
Donc, le barbecue de Mme Michou devrait se dérouler avec un anticyclone et de l’air sec et doux, même si le modèle voit aussi une dépression à 500km plus au nord. La météo annonce en effet du beau temps pour la fin de semaine. Mais plus les jours passent, plus les prévis s’affinent et la dépression est placée un peu plus au sud…Il faut bien comprendre qu’à l’échelle de la planète, une erreur de 300 ou 400 km : c’est RIEN DU TOUT. Sauf que, ce dimanche là ; Mme Michou mangera un pot au feu sous la pluie en maudissant les prévisions météo.
Pour être plus concret encore : lorsqu’on vous dit que l’anticyclone-tout-pourri va s’en aller, et qu’enfin les perturbations vont revenir dans 7 jours : tout le monde attend la neige ! Mais, lorsque les prévisions s’affinent : on s’aperçoit que les Alpes restent en marge du courant perturbé qui passe sur le nord de la France… A l’échelle de la planète, à 7 jours d’échéance, cette erreur ne représente rien du tout. Pourtant, le beau temps continuera dans les Alpes et le Directeur de la station s’arrachera les cheveux, pour autant qu’il en ait.
Voilà donc de quoi relativiser à la fois une confiance aveugle et stupide dans les prévis à long terme, tout comme un scepticisme exagéré concernant les tendances du temps à venir.
On vous l’a dit : il s’agit de TENDANCES.
Et la météo à court terme, alors ?
Météo France utilise d’autres modèles, à mailles dites « fines » ( autour de 20km je crois) , qui prennent en compte tous les phénomènes locaux (montagnes, vallées, cours d’eau, effet de foehn, mistral, tramontane, barrières climatiques). Les résultats des calculs de ces modèles-là sont ceux que vous voyez sur les chaines de télé et ce que vous lisez dans les bulletins locaux (type Météo France Bourg Saint Maurice) et, malgré des erreurs parfois cuisantes ( la météo ne peut pas être une science exacte) ce sont quand même, et de loin, les plus fiables et les mieux faits pour la prévi de J+1 à J+6 ou 7…
Comment se faire sa propre idée en regardant les modèles ?
Assez simplement : lorsqu’une dégradation est prévue dans 9 jours, le lendemain, elle doit rester apparente mais dans 8 jours, et le surlendemain, être toujours dessinée, mais dans 7 jours et ainsi de suite. Parfois, les modèles entrevoient une dégradation qui a tendance à être repoussée au fil des jours : la prévision est peu fiable.
Parfois, au contraire, les modèles voient juste à dix jours, puis se trompent, avant de reprendre leurs cartes antérieures. Cette valse hésitation des modèles est normale, et c’est bien ce qui fait la difficulté de l’exercice. Il faut toujours comparer les différents modèles entre eux pour se faire une idée.
Ensuite, si ça vous amuse ou si vous avez une bonne mémoire : regardez les différents « runs » pour une même échéance. Moins il y a d’écart d’un « run » à l’autre, plus la tendance est fiable. Cela veut dire qu’une grosse dégradation envisagée au run de midi peut disparaître complètement 6 heures plus tard lors du run suivant, avant de réapparaître encore 6 heures plus tard. De J+7 à J+10 : la fiabilité est aléatoire, mais Mamy a réussi cette saison à les voir venir 7 fois sur 10…
La météo de Cybervalloire
Les tendances de Mamy que vous trouverez ici sont en fait les synthèses de tout ce qu’on trouve sur le net en matière de modèles, mais aussi du travail d’excellents météorologues amateurs qu’on peut trouver sur des sites spécialisés comme « infoclimat.com ».
Ce ne sont pas des « prévisions météo » au sens habituel du terme : d’ailleurs, Mamy se fout de la prévi à court terme : Météo France le fait très bien. En fait, cette Vieille Rombière décortique les modèles et suit leurs évolutions, depuis l’apparition (en général 10 jours avant) d’une possibilité de dégradation jusqu’à sa réalisation le jour J.
Parfois, au bout de 3 jours, cette éventuelle dégradation fait « pshiiiit » et on n’en parle plus. Parfois encore, l’embryon de dégradation vu 10 jours avant finit par se concrétiser : la « TRAQUE » est alors terminée.
A dix jours d’échéance : il est impossible de dire avec certitude si oui ou non la neige tombera, mais on peut déjà savoir si la situation qui s’annonce est POTENTIELLEMENT favorable à la neige ou pas.
Par exemple : si les modèles voient sur plusieurs « runs » consécutifs un bon gros flux océanique perturbé se mettre en place : on peut POTENTIELLEMENT espérer de grosses chutes de neige. S’ils voient plutôt s’installer un vilain flux de nord glacial et humide : ça sera la fête en Haute-Savoie mais pas chez nous, etc…Idem si l’anticyclone-tout-pourri se maintient : régime sec très probable.
Voilà, vous en savez autant que moi sur ce sujet. Je ne suis pas un spécialiste, juste un névrosé monomaniaque qui aime la peuf et qui s’est donné, au fil des ans de pénurie, les moyens de voir dans sa boule de cristal si ça vaut le coup de survivre en période anticyclonique hivernale !!
Guillaume
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